Laissez-moi vous raconter ce qui est arrivé à notre client français la semaine dernière : mon équipe était en train de lui réserver un logement lorsqu’il a décidé de négocier lui-même avec le propriétaire sans nous en parler.
Or, il se trouve que les façons de faire et de transiger sont bien différentes entre les cultures. Je le sais bien, ma mère est Française et mon père Québécois (eh oui, nous sommes d’abord Québécois avant d’être Canadiens!)
Notre client a voulu diminuer le loyer du premier mois, puisqu’il arrivait quelques jours après le 1er jour du mois (4 jours plus tard). Malheureusement pour lui, nous n’avions pas eu le temps de lui expliquer les règles du jeu de négociation à la québécoise avant qu’il se jette à l’eau.
Question de culture
Le Québécois n’aime généralement pas trop les confrontations et les conflits. Il évite les négociations et privilégie toujours les accommodements et le consensus. Pour cette raison, les prix affichés sont rarement négociables. Il y a toutefois des exceptions, des « zones confortables de négociation ». L’achat d’une voiture ou d’une maison en sont de bons exemples. Les assurances habitation et automobile ainsi que les forfaits internet/télévision où là aussi «on bargain fort». Même chose sur Kijiji (leboncoin).
La négociation distributive
Les Français ont tendance à utiliser le style de négociation distributif, c’est-à-dire favorisant une négociation compétitive de type gagnant-perdant. Ce modèle argumentaire peut sembler agressif pour un québécois, qui a l’habitude de discuter de manière « soft ». N’étant pas à l’aise dans la joute verbale, il préfèrera mettre un terme à la discussion et ce, même s’il perd un bon «deal».
La négociation consensuelle ou «win win »
Dans le cas qui nous concerne, il aurait mieux valu demander au propriétaire : « j’arriverai le 5 juin, par conséquent, est-ce possible de bénéficier d’un crédit pour ces journées d’absence? Est-ce une pratique habituelle au Québec? Car chez moi, c’est courant». De cette façon, le propriétaire ne se sent pas agressé puisque la demande s’appuie sur une autre façon de faire (qu’on lui explique). S’il est d’accord, c’est réglé, et s’il ne veut pas, on n’a pas perdu notre option de location. Dès qu’il y a résistance, il faut cesser toute tentative de persuasion… ce que Florent a toutefois continué de faire.
Et Florent?
Qu’est-il advenu de notre ami Français? Le propriétaire lui a dit que ce n’était pas possible de diminuer le tarif du bail et il nous a téléphoné pour nous dire que l’appartement était déjà loué. Il a ajouté: «qu’il n’avait pas le temps pour ces niaiseries».
Ouf!
Par chance, nous lui avons trouvé un autre logement mais la morale de cette histoire c’est qu’il est crucial de s’informer sur les us et coutumes ainsi que sur la culture du pays d’accueil. Observez les interactions humaines dans un groupe social ou dans votre lieu de travail avant de trop vous prononcer. Cela vous évitera les impairs inter-culturels dû à des incompréhensions. Encore mieux, faites-vous accompagner par des professionnels qui sauront vous guider dans toute votre installation.